T.B Brazelton: Un état d’esprit

« Agir sur l’environnement pour mettre le monde à la portée des nouveau-nés fragiles est une des leçons que l’examen de Brazelton permet de tirer pour la pratique quotidienne avec les bébés. »

Drina Candilis-Huisman, « Rencontre avec T. Berry Brazelton: Ce que nous apprennent les bébés » Eres, 2011.

Les Objectifs

La NBAS est un outil de prévention précoce destiné à découvrir avec les jeunes parents les compétences individuelles du nouveau-né. Il met en évidence les stratégies d’adaptation du nouveau-né  à son environnement  humain mais aussi non humain dans les  jours voire les premières semaines après la naissance. Les parents peuvent ainsi grâce au soutien des professionnel(le)s mieux reconnaître les modes de communication du bébé et adapter s’il le faut les soins qu’ils lui  proposent.

Exemple : certains bébés sont plus sensibles que d’autres au bruit ou à la lumière, ce qui peut se traduire  par une irritabilité accrue ou de moindres réponses aux sollicitations.

Qui pratique cet examen et pour qui ?

Cette approche est commune à tout professionnel en périnatalité qui souhaite disposer de cet outil dans le dialogue avec les parents : pédiatre, sage-femme, puéricultrice, psychomotricien(ne), psychologue, pédopsychiatre. Il est toujours intéressant et utile que plusieurs personnes dans une même équipe partagent un regard commun sur le bébé. C’est possible grâce à cet outil. On peut l’utiliser dans des contextes institutionnels variés aux premiers rangs desquels on trouve les maternités et les  PMI, mais aussi toutes les institutions destinées à accueillir des très jeunes enfants : unités de consultation ou d’hospitalisation parents-bébé ou pouponnières par exemple. C’est un examen qui s’adresse aux familles tout venant, primipares ou multipares, mais qui peut aussi servir d’intervention préventive dans des cas plus particuliers. 

Exemples de ces cas particuliers: Une maman souffrant d’un baby-blues sévère, qui a souffert de la perte d’un enfant lors d’une grossesse précédente ou d’une personne chère, qui a eu des annonces douloureuses (vérifiées ou non) au cours de sa grossesse, une maman ou un bébé en situation de handicap,  de maladie etc..

Le Cadre

La consultation se passe dans une pièce à la lumière tamisée et à une température où  le bébé peut supporter un déshabillage- même partiel. Cela peut être dans une pièce spécialement dédiée mais aussi en maternité, dans la chambre de la jeune accouchée ou en suite de couches au domicile de la famille. Il tient compte de la maturité du nouveau-né. 36-37 semaines de gestation semble être un seuil en-deçà duquel le seuil de tolérance du bébé  aux sollicitations de l’observation peut être trop vite débordé. Dans le même esprit, l’examen ne saurait  de façon générale durer plus de 20 à 30 minutes, pour ne pas épuiser la capacité de réponse du nouveau-né. L’examen peut se dérouler  à partir de la première semaine de vie du bébé (entre 3 et 8 jours)  jusqu’à la fin du premier mois. Pour les enfants les plus fragiles – par exemple lors d’une naissance prématurée- il est possible de le proposer jusqu’à la fin du deuxième mois du bébé.  Pour ces enfants-là, l’intérêt de l’approche brazeltonnienne ne consiste pas à mener un examen unique, mais plusieurs  dans cette période précoce  afin d’obtenir une image de la courbe de récupération du bébé plutôt qu’un tableau fixe de ses compétences le jour de l’examen .

Les principes

L’évaluation  se base sur une observation attentive du bébé en présence de ses parents. C’est une observation participante de la part du ou de la professionnelle dans la mesure  où les « meilleures réponses » du nouveau-né ne s’obtiendront que grâce à l’engagement corporel et l’empathie de l’examinateur, à sa « fiabilité » à mener cette évaluation- fiabilité qui repose sur sa formation.

S’il existe une forme de continuité entre les compétences du fœtus et celle du nouveau-né, le nouveau-né  doit s’ajuster à deux éléments inédits de son environnement : la gravité et la respiration autonome. On sait à quel point les bébés nés prématurément sont susceptibles de souffrir de la pression gravitaire, preuve s’il en est de l’importance de la maturation intra-utérine. En usage depuis une vingtaine d’années dans les services de néonatologie les soins de développement, inspirés des recherches de Brazelton et de H.Als,  sont destinés à aider les bébés à mieux y résister en aménageant le couchage de ces minuscules enfants. Quant à la respiration autonome qui marque la rupture entre le milieu aqueux et  le milieu aérien, très vite le bébé va la mettre au service  de la régulation de ses changements d’états.

Exemple : Le rythme de la respiration est un élément, entre autres, qui permet de distinguer les états de sommeil de l’enfant. Lorsque le bébé est profondément endormi, (état 1= sommeil profond), sa respiration est régulière et quelquefois à peine perceptible. Lorsqu’il rentre dans une phase de sommeil dite léger (état 2), sa respiration peut être plus irrégulière, accompagnée de mouvements aléatoires ou brusques.

Amorcés par l’observation des états de sommeil chez le bébé (ce qui peut donner lieu à de riches discussions avec les parents), les changements d’états vont servir de fil rouge à l’examen. En effet, outre les deux états de sommeil, le bébé dispose d’un état intermédiaire (état 3) entre la veille et le sommeil, au moment de l’endormissement ou du réveil par exemple, mais aussi lorsqu’il veut marquer une pause, d’un état de présence attentive (état 4), d’un état d’agitation (état 5) ou d’un état de désorganisation marquée par des pleurs intenses (état 6).  Se familiariser avec ces changements d’état, leur rapidité, leur prévisibilité ou au contraire leur caractère imprévisible permet de rendre plus palpables les stratégies adaptatives du bébé à son environnement .

Exemple : Les pleurs d’un bébé sont souvent énigmatiques pour de jeunes parents : A-t-il faim ? A-t-il trop chaud? A-t-il mal ? Lorsqu’au cours de l’examen survient un épisode de pleurs, on peut observer avec les parents son intensité, si le bébé est capable de se calmer de lui-même ou s’il a besoin qu’on le console, s’il y a recours à plusieurs reprises ou pas. Les pleurs apparaissent donc comme un outil de dialogue aussi intéressant que les temps d’attention du bébé, ce qui permet de les dédramatiser.